Notre histoire

Préparer le terrain pour le Droit à la Ville

L’idée du « Droit à la Ville » est bien plus ancienne que le PGDV, qui prône sa mise en œuvre effective en tant que politique publique. À l’origine, le concept a été introduit pour la première fois par le sociologue français Henri Lefebvre dans son ouvrage de 1968 intitulé « Le Droit à la ville ». Au cours des décennies suivantes, l’idée s’est développée et a été adoptée par des mouvements sociaux, des gouvernements locaux et des organismes internationaux.

Une étape importante de ce processus a été la convergence, au début des années 1990, des militants des droits de l’homme, des écologistes, des ONG, des mouvements sociaux des pauvres des villes, des gouvernements locaux et des agences internationales lors des conférences mondiales des Nations unies. Ces dialogues comprenaient des réunions à Eco-92 à Rio de Janeiro, la Conférence sur les établissements humains (Habitat II) en 1996, Istanbul. Ces premiers dialogues ont permis de réunir ces groupes alors disparates et d’introduire les composantes du droit à la ville dans l’Agenda 21 (A21) et le Programme pour l’habitat en définissant les conditions de vie adéquates qui devraient être réalisées dans les établissements humains. Cela a ouvert la voie à un effort d’internalisation du droit à la ville en tant que droit de l’homme, même si, à ce stade précoce, ces éléments ne se sont pas cristallisés en un Agenda du Droit à la Ville.

Dans les premières années du XXIe siècle, ces efforts ont été poursuivis par des réseaux et des forums mondiaux qui ont intégré les questions urbaines dans leurs débats et dialogues, notamment le Forum Social Mondial et le Forum Urbain Mondial. De ces années post-A21, les documents de référence construits au cours de ces processus ressortent, comme la Charte Mondiale du Droit à la Ville, dans les Forums sociaux mondiaux, et la Charte de l’Agenda mondial pour les droits de l’homme dans les villes, construite à travers des réseaux et des organisations d’autorités locales comme CGLU.

Plusieurs documents contribuent également à la compréhension du droit à la ville en tant qu’élément structurel pour promouvoir des politiques de développement urbain orientées vers la construction de villes justes, démocratiques et durables, par exemple:

  • Traité sur les villes justes, démocratiques et durables (1992);
  • Charte européenne de sauvegarde des droits de l’homme dans la ville (Saint Denis, 2000);
  • Le statut de la ville de Brésil (loi n.º 10.257 de 2001).

 

La naissance de la PGDV

La Plateforme Globale pour le Droit à la Ville a été lancée en novembre 2014 à l’initiative de la Coalition Habitat International et de l’Instituto Polis Brasil, lors de la rencontre internationale sur le droit à la ville qui s’est tenue au Brésil. Les membres fondateurs ont vu la nécessité d’une plateforme internationale forte où les mouvements sociaux et les organisations – qui avaient travaillé ensemble de manière informelle pendant des décennies sur des résultats tels que la Charte Mondiale du Droit à la Ville – pourraient unir leurs efforts pour renforcer la revendication du droit à la ville dans le monde entier. La constitution du PGDV a été considérée, à l’époque, comme extrêmement importante pour renforcer les luttes urbaines pour la justice sociale et pour améliorer la mobilisation internationale en vue de l’Agenda 2030 (ODD) et de la troisième conférence des Nations unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III), en tenant compte des rassemblements mondiaux tels que le Forum social mondial et le Forum urbain mondial.

Ce travail collectif sur le droit à la ville a consisté à débattre et à diffuser sa signification, à faire pression pour son inclusion dans les documents pertinents, tels que le nouvel agenda urbain (NUA), et à promouvoir sa mise en œuvre par le biais de politiques publiques aux niveaux local, national, régional et international. Cette coordination s’est avérée fructueuse et a abouti à la reconnaissance du droit à la ville dans le cadre du processus de négociation de UN Habitat III, ainsi qu’à son inclusion en tant que principe/dimension central dans le NUA, suite à la campagne de plaidoyer et de communication.

 

La trajectoire de la PGDV

La force de notre travail et de notre vision commune du droit à la ville vient de sa complexité et de la diversité de notre réseau de membres et de sympathisants. Plus de 250 organisations locales, nationales, régionales et internationales ont contribué à la plateforme. La variété des domaines dont sont issus nos membres apporte une contribution précieuse à une compréhension collective des réalités des différents environnements dans le monde et des défis spécifiques, enrichissant ainsi notre vision commune, nos concepts fondamentaux et notre gamme d’initiatives. Cependant, leur participation est non seulement importante pour faire entendre des voix différentes à la PGDV, mais elle aide aussi la Plateforme à transmettre son message à des publics différents.

Le travail de plaidoyer de la plate-forme s’est accompagné d’une vaste production d’activités de recherche et de formation. Il joue un rôle stratégique dans la diffusion du droit à la ville et met en lumière des pratiques et des cas intéressants, des idées réussies déjà mises en œuvre et des résultats concrets qui peuvent inspirer le travail des gouvernements locaux et renforcer les revendications des mouvements sociaux.