Le 22 novembre dernier, la Commission et la Plateforme mondiale pour le droit à la ville ont organisé la session « Droit à la ville et agendas internationaux : réalités et perspectives africaines » à l’occasion d’Africités, le plus grand sommet des villes africaines organisé tous les trois ans par CGLU Afrique. Des représentants des municipalités et de la société civile africaines ont profité de cette session pour proposer des messages forts, partager leur vision des défis urbains les plus urgents et pour explorer des actions communes pour plus de justice urbaine et territoriale. Dans la continuité des rencontres de Nairobi, cet exercice a permis de faire progresser une vision africaine du droit à la ville, tout en promouvant de nouvelles pistes d’alliances entre les municipalités et la société civile pour l’avenir.
L’objectif de la session était double. D’une part, elle cherchait à profiter de la tenue d’Africités pour mettre en commun les actions des gouvernements locaux et la société civile qui s’engagent pour le droit à la villedans leur contexte local. D’autre part, la réunion a également contribué aux commémorations du 50e anniversaire du « Droit à la ville » (1968) d’Henri Lefevbre. Pour cela, le débat s’est axée sur des questions telles que le droit au logement, l’économie informelle, la violence à l’égard des femmes et des minorités, ainsi que la justice sociale et spatiale.
[ Voir les recommandations de la société civile ]
Dans la première partie de l’événement, les représentants des pouvoirs locaux et de la société civile régionale se sont concentrés sur la conception théorique du droit à la ville. En ce sens, la mairesse de Tunis, Souad Abderrahim, a souligné que « le droit à la ville est un droit universel construit avec la société civile » et qu’il permet « de surmonter les inégalités urbaines entre riches et pauvres, hommes et femmes, centre et périphérie ». Dans la même ligne, la Présidente du Conseil régional de Nouakchott, Fatimetou Abdel Malick, a souligné que « la ville est au centre de tous les défis. Nous, représentants des gouvernements locaux, devons assurer à notre population un cadre de développement en collaboration avec la société civile ».
Pour Fana Sihlongonyane du centre CUBES (Afrique du Sud), « le droit à la ville nous permet de réinventer la ville pour qu’elle serve les objectifs de justice sociale : il s’agit d’un droit collectif que nous partageons tous comme l’a créé Lefevbre il y a 50 ans », tandis que le représentant de Enda Tiers Monde, Malick Gaye, a souligné la nécessité de garantir les droits économiques, sociaux et culturels.
« Le droit à la ville est un droit universel construit avec la société civile qui permet de surmonter les inégalités urbaines entre riches et pauvres, hommes et femmes, centre et périphérie »
Souad Abderrahim, mairesse de Tunis
La deuxième partie de la discussion a abordé la façon dont le droit à la ville peut se concrétiser dans le cadre des politiques publiques et actions locales. Sur le logement et l’amélioration de l’espace public, le conseiller de Rabat Abderrahmane Bouloud a partagé les actions de la capitale marocaine pour améliorer la situation des quartiers précaires et assurer l’accès à l’environnement de la population locale. Le vice-maire de Douala (Cameroun), Achille Azemba Momo, a souligné d’autre part la nécessité d’un travail conjoint entre les municipalités et la société civile pour protéger le droit au logement des habitants.
En termes de gouvernance démocratique, le représentant de Planact (Afrique du Sud), Frederick Kusamiza, a souligné la nécessité de « lutter contre l’impunité » et que « des mécanismes de transparence et de responsabilité doivent être mis en place », tandis que la représentant de Public Service International, Fatou Diouf, a partagé l’importance de garantir les droits des travailleurs publics locaux. Les interventions de Cathérine Maliedje de CODAS Caritas Douala et Allain Cain de l’Atelier pour le développement en Angola ont permis en revanche de connaître la réalité des expulsions forcées et de l’économie informelle sur le continent, ainsi que l’importance de l’associationnisme pour la protection des droits des habitants. Le représentant de World Enabled, Federico Batista, a déclaré que « la mise en œuvre du droit à la ville nous amène également à réfléchir à la possibilité de réaliser le plein potentiel de tous les habitants, y compris des personnes handicapées ».
[ Voir le plan d’action de CODAS Caritas Douala ]
La Plateforme mondiale pour le droit à la ville a élaboré un document contenant 7 recommandations des représentants de la société civile à la suite de la réunion. Ce document aborde des questions telles que les droits fonciers, la lutte contre la ségrégation spatiale et l’exclusion ou la co-création d’agendas locaux entre les décideurs locaux et la société civile. Vous pouvez consulter ce document ici.