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À l’occasion du Forum Politique de Haut Niveau 2021, RIPESS, Urgenci et la Plateforme Globale pour le Droit à la Ville ont co-organisé l’événement parallèle « Surmonter les inégalités grâce à la reprise du COVID-19 : propositions de l’économie sociale et solidaire et le droit à la ville ».

L’objectif était de démontrer une partie de la diversité et du potentiel de l’économie sociale et solidaire et du droit à la ville pour offrir des alternatives pour surmonter les inégalités accrues causées par Covid-19, en soulignant les voies résilientes vers la reprise dans les villes. et en termes de liens urbains-ruraux.

L’événement, qui a eu lieu le 8 juillet, a réuni quelque 70 participants représentant une grande diversité d’acteurs (gouvernements locaux, régionaux et nationaux, organisations de la société civile, organisations internationales, monde universitaire) qui représentaient un engagement clair en faveur de l’ODD17 et couper les partenariats. Les intervenants et les interventions des assistants représentaient également tous les continents, à l’exception de l’Océanie.

Au cours du débat, des exemples concrets de multiples domaines (travail informel, logement, production et consommation alimentaires, services de base et autres) ont été mis en évidence dans une perspective de solidarité et du droit à la ville dans le cadre de l’avancement de la mise en œuvre de l’Agenda 2030, en particulier en ce qui concerne les ODD qui seront examinés lors du HLPF 2021, tels que les ODD1, ODD2, ODD8 et ODD11. L’un des faits saillants a été le cercle vicieux de la perte d’emplois informels et formels conduisant à la perte d’autres droits humains essentiels (droit à l’alimentation, droit à la santé, droit au logement…) tandis que les coopératives et les groupes de femmes et autres groupes communautaires de divers types formalisent des services essentiels qui garantissent ces droits. Ces droits soulignent également la nécessité d’une protection de la sécurité sociale et d’un filet de sécurité alimentaire pour tous et toutes,  basé sur des marchés locaux et territoriaux sains et nutritifs. Le rôle des gouvernements locaux et autres est également essentiel pour soutenir les groupes les plus vulnérables.

Le panel était animé par la co-coordinatrice du RIPESS et présidente de l’URGENCI, Judith Hitchman. La logique générale des interventions a souligné la nécessité d’un changement de paradigme dans les modèles actuels de développement et de croissance économique pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) et évoluer vers des communautés plus justes, équitables et durables qui respectent les droits humains.

Actuellement, l’ESS et le droit à la ville jouent un rôle fondamental dans la gestion et l’atténuation des impacts à court et à long terme du COVID-19, contribuant de manière significative à ce changement de paradigme. Composante clé du Droit à la Ville, l’ESS apporte des solutions qui renforcent les services publics et complètent l’action gouvernementale. Sur le long terme, l’ESS offre des alternatives économiques, promeut des modèles inclusifs et durables, et renforce l’accès à de nombreux droits humains. Ces aspects ont été reconnus par le Secrétaire général de l’ONU dans son discours à la Commission des Nations Unies pour le développement social en février 2021. Il a déclaré que « l’économie sociale et solidaire incarne un autre modèle qui cherche un nouvel équilibre entre efficacité économique et résilience environnementale ».

Tous ces aspects ont été clairement exposés par Nelson Saule, co-coordinateur de la Plateforme Globale pour le Droit à la Ville, dans son introduction à l’événement parallèle. Lors de son intervention, il a également souligné le rôle clé que joue le Droit à la Ville comme vecteur de mise en œuvre des ODD, à travers son approche multidimensionnelle et son potentiel de territorialisation, en lien avec les acteurs locaux.

 

La première panéliste était Sonia Dias de Women in Informal Employment: Globalizing and Organizing (WIEGO), qui a concentré son intervention sur les coopératives en tant que voie vers la dignité, révélant les actions de WIEGO avec les récupérateurs et récupératrices du secteur informel au Brésil. En effet, le COVID19 a eu des effets dévastateurs sur la vie des travailleurs et travailleuses du secteur informel, qui peuvent trouver une voie vers un travail décent et digne grâce aux coopératives. Les gouvernements doivent veiller à ce que les problèmes des travailleurs et travailleuses du dit secteur soient traités, en partageant des informations et des outils de plaidoyer, et en plaidant pour des politiques et des plans qui soient inclusifs.

Elle a été suivie par Simel Esim, une économiste féministe qui dirige la Division des coopératives de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), a mis en évidence un exemple pertinent de ces solutions: les coopératives réservées aux femmes formées dans l’économie informelle dans des secteurs tels que le travail à domicile et les ouvriers. Elle a partagé quelques modèles émergents pour atteindre l’échelle et la durabilité (consortiums parmi les coopératives sociales, franchise parmi les coopératives de travailleuses domestiques) et la pertinence des niveaux macro (environnements favorables) et méso (construction d’écosystèmes de soutien) pour assurer la survie et la croissance des entreprises collectives de femmes dans l’économie informelle.

Ces deux interventions ont été suivies de celle d’André Luzzi d’Habitat International Coalition (HIC) et représentant des Urbains Pauvres au sein du Comité de Coordination du Mécanisme de la Société Civile et des Peuples Autochtones du Comité des Nations Unies sur la Sécurité Alimentaire et la Nutrition Mondiale, qui a donné plusieurs illustrations de la façon dont les liens urbains-ruraux entre les petits producteurs alimentaires ont aidé à nourrir les communautés vulnérables dans les villes pendant la pandémie grâce à divers types d’initiatives solidaires et à l’agriculture soutenue par la communauté. Le lien entre la santé et les produits agroécologiques frais est un facteur important. Il a souligné la nécessité de protéger les petits producteurs alimentaires périurbains et les agriculteurs agroécologiques de l’agriculture industrielle en termes de droit à une alimentation et une nutrition adéquates.

Ce premier panel a été suivi de plusieurs interventions de la salle qui ont mis en évidence des aspects supplémentaires sous différents angles.

 

Mme Norliza Hasim, d’Urbanise Malaysia, a ouvert le deuxième panel. Elle a décrit leur travail de soutien au ministère malaisien du logement et du gouvernement local dans leurs efforts pour générer des solutions urbaines intégrées durables qui couvrent la fourniture de logements et de nombreux autres services qu’elle a partagés avec les participants à l’événement, démontrant clairement à travers ces exemples comment les liens entre le droit au logement et les autres droits font partie d’une reprise à long terme de la pandémie.

Vic Van Vuuren, qui dirige le Groupe de travail interinstitutions des Nations Unies sur l’économie sociale et solidaire UNTFSSE a été le dernier orateur. Il a centré son intervention sur l’importance de renforcer la reconnaissance internationale de l’ESS pour contribuer à l’Agenda 2030 et aux ODD. Il a particulièrement souligné à quel point les partenariats multipartites comme ceux-ci sont essentiels pour créer des politiques innovantes pour une transformation indispensable de notre économie à différents niveaux, y compris dans les communautés locales. Il a appelé à une reprise centrée sur les personnes et la planète, et a souligné le rôle clé que l’ESS peut jouer. Le fait que l’ESS soit une question centrale qui sera abordée lors de la prochaine Conférence de l’OIT en 2022 est un développement important qui renforcera la reconnaissance qu’un autre paradigme économique est possible et que les solutions existent déjà.

La session s’est terminée par une deuxième série d’interventions des participants et des remarques de clôture de Nelson Saule et Judith Hitchman, qui ont souligné la richesse des bonnes pratiques et des solutions existantes pour avancer vers une société fondée sur les droits plus inclusive et résiliente pour tous et toutes.

Pour voir l’enregistrement complet de l’événement parallèle, cliquez ici.