Un Centre Ville Pour Tous
Appréhender Marseille et ses récentes transformations à travers les écrits et l’analyse percutante d’Henri Lefebvre sur le droit à la ville, c’était l’objectif des temps d’échanges organisés les 2 et 7 juin derniers.
L’association Un Centre Ville Pour Tous, en partenariat avec les associations Dar Lamifa, Pensons le matin, Elisabeth Dorier (Laboratoire Population et Développement, AMU), et La Plateforme Globale Pour le Droit à la Ville, ont souhaité rendre hommage à Henri Lefebvre en 2 temps.
Un premier temps, le 2 juin 2018, à permis de faire le focus sur les transformations de la rue de la république et des docks, lieux emblématiques de l’emprise financière et capitalistique sur les mutations de la ville de Marseille.
Le matin, une trentaine de personnes ont suivi la balade urbaine commentée par Patrick Lacoste (Un Centre Ville Pour Tous) des docks de Roland Carta à la rue de la République. Cette balade, ponctuée des témoignages d’habitants de la rue de la république, a permis de mesurer le décalage entre des opérations urbanistiques façonnées par des intérêts financiers et le besoin réel en logement et commerces de proximité des habitants. Quatorze ans après son rachat pour moitié par le fonds d’investissement Européen – ANF, et pour l’autre par le fonds spéculatif Lone Star, la réhabilitation de l’habitat n’est pas terminée et la moitié des espaces commerciaux sont vacants.
Une soixantaine de personnes ont assisté l’après-midi à la restitution, par David Escobar, Vanessa Becciu et Elisabeth Dorier des travaux d’enquête sur la rue de la République.
L’enquête ENCRE (Enquête Cadre de Vie et Résidents) est issue d’un appel à manifestation d’intérêt lancé par Un Centre Ville Pour Tous en octobre 2015 et à laquelle ont contribué des enseignants et étudiants de l’ENSA Marseille, ENSA Montpellier, Paris 3, LPED (Aix-Marseille), PACTE (Université Grenoble Alpes) et du Centre Max Weber (Université Lyon 2). Malgré la volonté initale des opérateurs et de la Mairie de chasser les 550 familles locataires pour faire place aux ménages aisés, la résistance des habitants a permis à plusieurs centaines de familles de se reloger en location sociale. Les « nouveaux habitants » pour leur part, ne restent pas longtemps dans cette artère, notamment du fait de la cherté des loyers du parc privé et de la disparition du commerce de proximité non franchisé.
Pour donner de la perspective aux enjeux marseillais du droit à la ville, David Bodinier a posé les points de jonction avec les enjeux Grenoblois traités par l’Atelier Populaire d’Urbanisme (APU) de « La Villeneuve » d’une part et les enjeux internationaux portés par La Plateforme Globale pour le droit à la Ville. Il décrit notamment le travail de fond de l’APU s’appuyant sur les habitants et les méthodes de l’éducation populaire, pour contester les velléités de démolition d’une partie de la cité.
Après la balade urbaine, et la restitution des travaux d’enquête, un troisième format, une conférence gesticulée, à permis d’explorer différemment ce sujet cher à Lefebvre.
Sous le titre « La Ville est à qui, elle a moi », la conférence gesticulée de Frantz et Mathieu à réuni une soixantaine de personnes à la Dar Lamifa, le 7 juin dernier. Balade urbaine militante, restitution de travaux universitaires, et conférence humoristique pour le « droit à la ville », ce fut un beau tryptique.
Article par Patrick Lacoste et Alima El Bajnouni, Un Centre Ville Pour Tous